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Spitfire’s Tears

Alors que leur tournée touche doucement à sa fin, nous avons eu l’occasion de rencontrer le jeune groupe SPITFIRE’S TEARS après leur concert du 18 octobre. Dans les chaleureux locaux du « Rallumeur d’étoiles » – un café associatif de Martigues, véritable lieu de culture, d’éducation populaire et de rencontres festives -, ils nous ont accordé une interview pleine de rires et de bonne humeur. Retour sur cet échange mémorable.

Avant de commencer, on vous remercie déjà pour le temps que le groupe nous consacre ce soir après votre concert pour répondre à nos questions. Vu que c’est la première fois qu’on se rencontre, racontez-nous un peu qui vous êtes. Depuis quand SPITFIRE’S TEARS existe ?

Antoine (chanteur) : L’idée vient de lui à la base (en pointant Victor, le batteur).

Victor : Alors, ça vient d’un projet de collégiens. On avait 14 ans et on a voulu monter un groupe de rock, donc on a appris à jouer ensemble. On ne savait pas jouer. On a toujours du mal mais on commence à y arriver au bout de quelques années (Rires dans l’assemblée).
On était quatre au début, c’était une formation un peu étrange. On a fait un peu n’importe quoi, on a fait des concerts dans la rue. Finalement, la formation s’est bloquée pour les Class’Eurock en 2022 (Ndlr : il s’agit d’un tremplin musical destiné aux jeunes), où on s’est dit qu’on voulait quand même faire quelque chose musicalement. On ne voulait pas faire juste des répets pour rigoler dans le garage. On voulait apprendre et faire autre chose. Et là, on a été sélectionné pour Class’Eurock en 2022 et c’est là que le line-up du groupe s’est figé avec Yanis qui est entré à la basse. On est sept musiciens et on est parti composer un peu tout ce qui nous passait par la tête au début, ce qui donne encore le résultat de tout ça qu’on est en train de sortir en E.P en ce moment et qu’on a balancé ce soir en live. Ce soir, c’était un peu la fête (rires).
Là, on prépare une vraie D.A (Ndlr : Direction Artistique) pour se professionnaliser dans notre approche musicale. On a commencé à avoir un visuel, à réfléchir à notre son. On a écrit un album et on se rend compte maintenant que ça ne nous plait plus, donc on le réécrit. On arrive enfin à quelque chose qui vient à nous plaire.

Antoine : Bientôt, on trouvera ce que c’est que SPITFIRE’S TEARS.

Victor : On est une petite équipe mais on ne veut pas prendre des pros. On veut vraiment y aller en autodidacte, apprendre ensemble. C’est ce qui nous plait et on aura plus de liberté, de créativité et de marge de manœuvre.

C’est un peu l’aventure de la vie ?

Victor (en mode slogan) : ”Spitfire’s Tears, c’est l’aventure de la vie !”  (Rires)

Antoine : C’est bon il a tout lâché. (Rires)

Pouvez-vous nous raconter d’où provient le nom du groupe ?
(Gros rires des membres du groupe sur ce sujet)

Nicolas (guitariste) : En gros, quand on a formé le groupe, c’était sur un coup de tête à la cantine entre potes. “Venez les gars, on aime tous le rock, venez on monte un groupe”. On a tous touché nos instruments pour la première fois dans le garage de Victor. A un moment on s’est dit : “allez les gars, il nous faudrait un nom quand même ?” Et là, on regarde le T-shirt de Victor  sur lequel il y avait un avion avec écrit en gros SPITFIRE et on s’est dit “Venez on s’appelle comme ça”. C’est parti de là. Après, quand on a commencé à faire des compos, à les enregistrer et qu’on écrit SPITFIRE sur Spotify et qu’on voit qu’il y a déjà vingt groupes qui s’appellent comme ça on se dit “Ah ! On va peut-être rajouter un petit truc pour préciser le groupe”.

Victor : Parle un peu de la D.A parce que c’est pas “que” pour ça.

Nicolas : Honnêtement je vais laisser quelqu’un d’autre en parler parce que moi j’ai pas trop la suite (rires).

Victor : Par contre, il vient d’où déjà le phénix ?

Ben (second guitariste) : En gros, on est parti d’un T-shirt avec un avion sur lequel était écrit SPITFIRE et on s’est dit : “Oh ouais ça c’est bien”. On s’est dit qu’il nous faut un premier visuel, un logo. Se dire que si tout le monde s’appelle SPITFIRE partout et qu’on veut sortir du lot faut peut-être ajouter un mot derrière parce que SPITFIRE tout seul ça ne va pas marcher comme il faut. Comme d’hab, on fait dix milliards de réunions par mois parce qu’on est sept et qu’on arrive jamais à se décider. On s’est dit : “Il faut trouver un mot”. Pour le logo, on avait déjà un phénix parce qu’on avait la chance que la sœur de Nicolas dessine un peu et elle nous avait fait un phénix. On s’était dit : “C’est stylé et le terme cracheur de feu fait penser au phénix”.

Antoine : On commençait déjà un peu à parler introspection. L’idée de la renaissance qui vient du phénix était vachement intéressante dans le fait de se reconstruire soi même par le biais de l’introspection en fait. Du coup, on a voulu chercher et le “Tears” est apparu parce que dans la légende la larme du phénix est assez significative car elle guérit et a beaucoup de propriétés. C’est venu de là du coup : la guérison et l’introspection pour renaître de ses cendres.

Et votre style musical, c’est un mélange de Rock et de Metal ? On mélange tout ça dans un shaker et voilà ce que ça donne ?

Angie : Ouais, franchement c’est un peu ça.

Victor : On est passé par plein de dénomination pour arriver à “Metal alternatif” qui reste assez vague pour qu’on puisse expliquer notre truc car au début on avait dit “Hard-Rock alternatif expérimental”. Ce qui n’a aucun sens et personne ne voulait nous booker avec ça.

Antoine : Au final, on est au milieu entre Hard-Rock et Metal.

Victor : Ouais mais vu qu’on est nombreux avec les inspirations de chacun c’est hyper large.

Nicolas : Là, on va essayer de se cadrer beaucoup plus dans un truc précis avec une D.A pour l’album pour que ça parte moins dans tous les sens. Même si c’est rigolo, entre potes, d’aller chercher un peu dans les inspis de tout le monde pour faire plaisir à tout le monde, si on veut créer un univers précis faut se cadrer.

Angie (chanteuse) : Justement, Class’Eurock quand on y est allé ils nous ont dit : “Notre réaction, face à ce que vous faites, ça vraiment était y a plein de choses de partout, plein de styles différents. On aime bien mais on ne comprend pas tout”. Du coup, aujourd’hui on essaie de recentrer tout ça et c’est ainsi qu’arrive le terme de “Metal alternatif” qui permet de croiser les chemins.

Vous êtes une bande de jeunes de 20 ans. Vous jouez un style qui n’est plus trop médiatisé. Vous venez en plus de “Mouans-Sartoux”, un tout petit village de 10.000 habitants dans le 06. Comment êtes-vous tombés là-dedans ? (Gros éclats de rires de tout le groupe et pour cause)

Ben : C’est ça ! Un petit village avec des moutons et des chèvres. (Rires)

Antoine : Personne ici ne savait combien il y avait d’habitants. Tu nous l’apprends. (Rires)

Du coup, y a eu des inspirations provenant de vos familles ou bien, vu que vous faites partie de la génération Internet, vous avez tout découvert en ligne ?

Victor : Les deux en fait.

Antoine : Moi j’ai découvert ce style avec eux. Avant, j’étais plus Pop avec les musiques qu’on entend à la radio et ils m’ont amené dans le Metal petit à petit. Alors au début les gros groupes comme SLIPKNOT j’avais un peu de mal. Je me suis familiarisé petit à petit et le Metal maintenant j’en suis un grand fan.

Victor : Et puis on a eu aussi de l’intérêt pour cette “petite” scène Metal du Sud qui en fait en creusant on a trouvé des gens, à se faire des potes et à aller écouter la scène locale. La scène niçoise est peut-être un peu plus discrète, on n’en entend pas trop parler. Par contre, la scène marseillaise quand on a débarqué sur Aix-Marseille en fait il y a des bombes qui jouent autant au Molotov, à l’Intermédiaire ou au Makéda. Il y a plein de groupes comme AURORE, SEPTARIA, BLOOMING DISCORD ou LANDMVRKS.

Antoine : Ce que je trouve cool dans ce monde là, c’est l’état d’esprit. Les potes m’ont poussé derrière la porte et j’ai kiffé ce que j’y ai trouvé. Tous les a priori qu’on entend sur le Metal ont volé en éclats. Comme le pogo : vu de l’extérieur, c’est de la bagarre; vu de l’intérieur, il y a un superbe état d’esprit. Si tu tombes on te relève. L’émotion qu’est la colère fait extrêmement peur, mais en fait c’est la meilleure émotion qu’il y ait sur Terre je trouve. J’adore la colère, moi ! (Rires)

Angie : Antoine, il a des choses à dire ce soir. (Rires)

Antoine : Non, mais voilà. J’adore ressentir la colère de l’extérieur mais pas éprouver de la colère.

On va revenir un peu sur votre expérience des Class’Eurock. Cela vous a-t-il ouvert des portes ? Cela a-t-il été bénéfique ?

Victor : Déjà, on lui a appris à jouer. (Il désigne Yanis)

Yanis (bassiste) : Ils m’ont recruté au moment de l’inscription pour Class’Eurock. Deux semaines avant l’audition en me demandant d’apprendre leurs cinq morceaux à la basse. Moi, ça faisait un peu plus dix ans que je faisais de la batterie et deux ans que je faisais de la guitare en autodidacte tout seul dans ma chambre. Ils m’ont dit ça et j’ai dis “d’accord” (Rires). En deux semaines j’ai appris les morceaux et ils m’ont gardé. Du coup, j’ai littéralement appris à jouer de la basse.

Ben : On l’a trouvé gentil et on l’a gardé. (Rires)

Victor : Class’Eurock, c’est soit t’en sors vraiment grandi, parce que t’es pas prêt à te prendre ça dans la gueule, soit tu te vautres complet. Je crois qu’on a réussi à faire les deux (Rires). On a commencé à faire n’importe quoi et là on applique ce qu’on a appris. Il a fallu deux ans pour qu’on y réfléchisse. En fait, ils nous ont permis de faire le tour de ce qu’est une direction artistique, ce que c’est un intermittent, qu’est-ce que c’est vraiment le monde de la musique. En fait, si on veut aller plus loin, est-ce qu’on joue juste ce qui nous passe par la tête ? Non. Ils nous ont appris à proposer quelque chose, à proposer un show… En tout cas, ils nous ont donné des pistes.

Antoine : De tous les groupes qu’il y avait, je pense qu’on était les moins assidus. On était un peu ceux qui partaient dans tous les sens, ceux qui jouaient le moins bien, ceux qui avaient le moins d’expérience. On aimait bien rigoler.

Ben : C’est simple, lors du premier concert j’étais déguisé en banane. On avait fait un pari, je ne sais plus lequel, j’ai perdu et ils m’ont dit : “Tiens! Tu mets le déguisement de la banane”.

Antoine : Ça avait beaucoup valorisé notre groupe !

Ben : Je ne sais pas si “valorisé” c’est dans le bon sens. (Rires)

Antoine : On est ressorti de là sur la scène Class’Eurock et on n’a pas été ridicule. Il y a eu un avant et un après Class’Eurock. C’est clair et net.

Nicolas : Tu travailles par exemple pendant une semaine avec un arrangeur qui est là pour cadrer le truc, où d’habitude on a nos sept cerveaux qui réfléchissent en même temps avec chacun ses influences et qui a envie de placer ce qu’il aime. Tu mets un cerveau au milieu du coup qui est là pour cadrer le truc et c’est super. On avait besoin de cela pour faire le tri.

Victor : Maintenant on s’est ce qu’il faut faire.

Ben : En fait, le groupe, avant, je le voyais comme une locomotive qui avait oublié qu’elle roulait sur des rails. Class’Eurock nous a remis sur les rails.

Antoine : Maintenant qu’on est sur des rails, on apprend ce que c’est qu’un itinéraire.

Vous venez donc de sortir un double single “Keep believe in /  I’ll rather be alone”. Quels sont les thèmes abordés dans vos chansons ? Comment composez-vous ? Est-ce d’abord un travail de composition des paroles et la musique est créée après ou inversement ?

Antoine : On a chacun nos domaines on va dire. Moi, je suis plus dans les thèmes. Angie et Mathilde sont plus sur les paroles. De manière générale, on écrit quelque chose qui nous plaît et on met en commun avec les idées des autres. Généralement, c’est comme ça que ça se passe. Nos morceaux, où c’est en train de partir, on est souvent sur une histoire qui est racontée de laquelle on peut ressortir beaucoup de leçons. Après, chacun va ressortir ses propres leçons. Souvent, on parle de personnages, de faits, juste de faits qui peuvent arriver et quand ce n’est pas des histoires c’est juste implicite. Après, c’est au public de comprendre ce qui est dit, d’en ressortir une leçon, de grandir et de renaître de ses cendres.

Ben : En gros, c’est les Fables de la Fontaine version Metal quoi ! (Rires)

Victor : C’est de la fable ! (Rires)

Après ce double single, vous avez un album en prévision ?

Victor : Carrément !

Ben : Y a pas de date mais y a la démarche.

Victor : On espère lâcher une deuxième partie de l’E.P justement dans les mois qui suivent. Tout ce qu’on sort pour cet E.P c’est un peu du passé. Ce sont des chansons qu’on a écrites il y a longtemps quand on était tous lycéens. Ce sont des morceaux qui nous plaisent encore mais c’est pas du tout le travail qu’on est en train de faire pour l’album. L’album sera assez différent en termes d’énergie. Peut-être un peu plus sombre aussi, plus violent parfois musicalement. Plus cathartique, on se défoule. Et on fait plus de recherches sur le son. On a commencé à introduire des séquences en live petit à petit sur quelques concerts et on a rodé certains morceaux. On essaie de rentrer sur un truc plus large et plus rentre dedans que les anciens morceaux qui étaient plus “bon enfant”.

Antoine : On était plus sur du Hard-Rock sur les morceaux précédents. Là, on se penche plus sur le Metal pur qui cogne.

Donc petite variation. Tout doucement on prend son petit chemin, on se cadre pour faire une carte de visite.

Antoine : Exactement mais même nous on ne saurait pas quoi mettre sur cette carte de visite.

Vous vous voyez combien de fois pour les répetitions ? Une fois par semaine ?

Antoine : Généralement, une fois par semaine le samedi quand tout le monde peut. Sinon, c’est le dimanche. Pour se retrouver ensemble à une répet c’est compliqué. (Rires)

Victor : Sinon, on s’appelle beaucoup. On discute beaucoup de l’écriture en tout cas. On compose à distance. C’est ce que je trouve intéressant dans la composition aujourd’hui c’est qu’il y a des rôles qui se sont dessinés. Par exemple, Nico va apporter une touche sur l’harmonie et la complexité des morceaux. Tout ce qui demande de se concentrer un petit peu, en général, c’est lui. Ben a beaucoup d’idées brutes. Il peut te sortir une chanson ou un riff qui va être salvateur. Parfois, on peut tourner en rond des heures et c’est Ben qui va arriver et dire : “Arrêtez les gars vous faites n’importe quoi. Regardez on fait ce riff là et c’est bon”. En fait, il aurait pu le dire y a deux heures mais il nous laisse nous dépatouiller. (Rires)

Ben : Je fais ça depuis les Class’Eurock. Ils nous avaient dit qu’il faut tout essayer. Donc,  moi je vous laisse tout essayer parce que des fois il n’y a pas que moi qui trouve des bons trucs (rires).

Victor : Les chanteurs vont moins nous donner des idées précises sur la composition mais plus nous cadrer sur ce qui va ou ne va pas. Yanis et moi on va s’occuper du basse/batterie; venir suivre les grattes et donner de l’impact.

Antoine : C’est quand même toi qui donne le plus de dimension à nos compos je trouve. Les riffs de basse de Yanis moi j’en suis amoureux mais vraiment. Tout ce qu’il a écrit : waouh !

Victor : J’ai pas dis qu’il faisait rien. Il fait des trucs très très bien.

Yanis : En fait, je ne faisais pas de la basse à la base. (Rires)

Antoine : Il crée des riffs de basse très jouissifs.

Yanis : Voilà ! (Rires)

C’est vrai que dans un groupe tu peux avoir de beaux arpèges à la guitare par exemple, mais ce duo basse/batterie, la rythmique, ça parle énormément.

Victor : C’est rarement par là qu’on commence. Une fois qu’on a un vrai plan de ce qu’on est en train de faire, qu’on a une vraie idée, c’est là qu’on préfère le rajouter. Mais d’abord, avec Yanis, on va prendre un peu ce rôle d’essayer de les pousser à chercher plus d’idées, de les faire travailler un peu les gratteux parce que sinon le débat part dans tous les sens. Là, on a un peu le processus de composition et après…on prend 3 mois pour écrire une intro. (Rires)

C’est un peu comme quand tu fais ta rédaction en philo. L’intro et la conclusion ça reste le principal. C’est sur quoi tu restes le plus concentré.

Antoine : C’est vrai. C’est pour ça que généralement les meilleurs morceaux on les met au début et à la fin du set.

Exactement. De mon côté je fais de la photo et quand tu fais un book photo tu commences par une image forte et tu finis également par une autre image forte. Au milieu, tu composes. A tout moment, il faut que ton public “hop” tu le remontes vers le haut. En effet, faut pas penser que le meilleur au début et finir on va dire par les face B. Sinon, ton public il s’en va au bout d’un moment.

Victor : Genre pas du tout ce qu’on a fait ce soir. (Rires)

Antoine : Exactement ! (Rires)

C’est vrai que vous avez fait votre set en mode TGV quasiment et du coup juste après : qu’est ce qu’on fait ??? Et là, j’ai trouvé super sympa votre côté “jeunesse un peu folle et fougueuse” en mode presque “sketchs”. Le public a hyper accroché en fait. Y’a ce côté frais et ce côté “vous êtes jeunes on vous pardonne tout”. Entre la reprise de “Scooby-Doo” de Simple Plan et le “Smells like teen spirit” de Nirvana en final, c’était excellent, c’était la folie.

Antoine : Merci, c’est très cool. Et honnêtement c’est un peu l’ancien SPITFIRE qui revient de temps en temps sur la scène comme ça car l’ancien SPITFIRE c’était un peu ça. Entre les morceaux on ne savait pas trop quoi dire. Y a lui (en montrant Victor) qui parlait beaucoup tout le temps. Le batteur qui ne s’arrête jamais. (Rires)

Angie : Le batteur chanteur !

Antoine : Non, le batteur brailleur ! C’est pas pareil (Rires). On a retrouvé un peu cette essence que maintenant on doit s’obliger à laisser un peu de côté.

Il faut donc un peu se limiter, un peu “mûrir” pour avancer. L’adolescence c’est fini, on devient adulte.

Antoine : Une fois qu’on aura vraiment plus rien à perdre on pourra se le permettre.

Victor : C’est vraiment la crise d’ado là ouais. (Rires)

Antoine : On a encore à apprendre.

On est dans une société qui va de plus en plus vite et il y a des groupes qui ne veulent pas perdre de temps. Je prends en exemple les niçois d’AZELMA qui m’ont impressionné par leur âge (ils ont 22 ans en moyenne) et le niveau de qualité de leur production.

Victor : AZELMA, ils partent comme nous à la base. Ils ont fait ce que nous on a fait sauf que nous on n’est pas encore arrivé à ce niveau de maturité dans la composition. Mais on voit ce truc et on se dit que c’est encourageant.

Il y a plein de groupes dans le coin qui émergent de partout et qui demandent à jouer. Vous faites partie d’une génération, ici dans le Sud, qui a plus de possibilités de scènes qu’il y a 20 ans. A l’époque, on avait plus de grosses têtes d’affiche qui tournaient dans le coin, mais aujourd’hui par contre il y a plus de salles, comme sur Marseille avec le Makéda, le Molotov ou l’Intermédiaire qui permettent à de plus petits groupes de se produire plus régulièrement qu’avant.

Victor : Ça vient peut-être justement de ce manque de têtes d’affiche et de grosses figures dans le Sud. On a l’impression de sentir que cette scène dans le Sud est bouillante et y a un truc qui s’en dégage. On va souvent de matter des concerts dans le coin et c’est très pro. Quand ça va péter ça va être énorme.

Du coup, avec votre vision jeune, comment voyez vous cette scène du Sud ? Est-ce que vous la voyez positivement ? Faut-il encore plus la booster ? Il y a-t-il encore des choses à faire ?

Ben : Honnêtement, y a énormément de choses à faire. Notre région par exemple, le 06, qui est pas loin du 13, c’est une région qui amène énormément d’artistes sur Paris qui finissent par être connus que ce soit dans le Rap, dans le Metal, dans la Pop ou quelque soit le genre en fait. Mine de rien c’est une région qui s’est un peu laissée mourir par ce qui est notre société aujourd’hui, c’est-à-dire que le 06 c’est une région pour les retraités. Ils étranglent petit à petit l’Art, en tout cas sonore.

Victor : C’est politique. Qu’est ce qui va faire réélire ? Qu’est-ce qui va plaire à la majorité de la population du 06 ? Les maires de Nice, de Mandelieu ou de tout ce que tu veux ils ne vont pas aller parier sur des jeunes métalleux ou des jeunes keupons.

Ben : C’est tout simple. Tu es un groupe, tu fais trop de bruit, tu ne passeras jamais dans le 06. On t’éteint, on te met en OFF, on te baisse ton volume et c’est pour ça que dans le 13 on trouve énormément d’énergie musicale, de spectacle vivant, parce que c’est simple pour tous les gens du 06 Marseille ressort énormément. Je la mettrai même dans le top 2 des villes où l’on retrouve le plus d’artistes dont on entend le plus parler en ce moment.

Antoine : En fait, tous les mecs du 06 vont dans le 13.

Ben : Ouais, c’est ça et le 13 est vraiment devenu un refuge pour les artistes ou les gens qui ont l’âme artistique. Avec Nicolas, on l’avait d’ailleurs étudié en cours que sur Marseille en fait il y a une fibre artistique. Quand on regarde les années, le nombre de poètes qui sont venus dans cette ville pour passer la plupart de leur temps pour écrire beaucoup de choses; y a beaucoup de choses qui ressortent de Marseille.

Victor : Marseille c’est un monde à part, c’est une énergie particulière comme ville. Y en a pas deux des comme ça.

Antoine : Après, faut quand même remercier les quelques salles qu’on a quand même dans le 06 comme la C’Picaud à Cannes ou l’Altherax à Nice. Y en a encore mais…

Victor : Y a le Stockfish, je pense qu’il y a vraiment quelque chose à faire.

Antoine : Le Stockfish, le 109, le Black box…

Victor : Le Black box il ne s’y passe malheureusement pas grand chose alors que c’est une belle salle. Le Stockfish je pense qu’il pourrait se passer encore plus de choses. Le 109 ça commence, c’est super intéressant.

Antoine : C’est pas encore assez diversifié.

Ben : Nice veut faire énormément concurrence à Paris en fait. Le meilleur exemple, en plus j’y étais à ce concert, c’est complètement fou c’était au concert de Travis Scott…mais à Nice. Qu’est-ce qu’il vient foutre à Nice ?  Travis Scott peut être lié à plein de débats entre les gens qu’il soit aimé ou pas aimé mais ça montre que d’un côté ils veulent amener du mouvement et du public dans le 06 comme dans le 13. C’est vraiment deux régions qui se battent un peu en duel pour essayer de se sortir de ce guêpier, de se dire non mais en fait regardez nous aussi on a des choses à vous montrer.

Nicolas : Y a des festivals aussi qui sont récents. Le Distortion, le Wouais Rock, le Mvrks Fest.. Ce sont des gros trucs, donc petit à petit ça va prendre plus d’ampleur.

Victor : C’est le post COVID qui a laché plein de groupes. Y a des lieux comme l’Hôtel de la musique sur Marseille, c’est des lieux géniaux. Je connais pas trop ça ailleurs. C’est un lieu où y a juste une centaine de locaux de répets. Des groupes qui se font des colocs, qui se partagent le matos et quand tu y passes ça répète tous les soirs à fond. Y a plein de groupes énormes, des trucs mais d’un autre monde qui jouent. Y a que des groupes qui attendent que ça de péter, d’aller sur des festivals, d’aller faire des trucs. C’est encore trop peu actif mais y a une vague qui est en train d’arriver qui est énorme.

Comme on parle de concert, il y a encore un peu des dates jusqu’à la fin de l’année ou en début d’année prochaine ?

Ben : Il y a le 15 novembre à l’Intermédiaire à Marseille.

Antoine : On est sur la fin de notre tournée malheureusement.

Première “vraie” tournée on peut dire? Quel est le ressenti vu qu’on arrive sur sa fin ?

Antoine : Beaucoup de choses à redire ! (Rires)

Victor : Un gros pavé de 4 pages pour expliquer tout ce qu’on a mal fait. (Rires)

Qu’est ce qui est ressorti positif du coup ?

Antoine : Ça change beaucoup.

Victor : Sur notre rigueur.

Angie : Ouais.

Antoine : C’est ce moment où tu te dis ça y est putain maintenant si on lâche c’est fini. Si on lâche c’est mort. Là c’est le moment où la communication, les évènements, faut rien lâcher parce que sinon on va retomber là où on était avant. Voilà, maintenant on est au début du tremplin et suffit d’aller jusqu’au bout.

Est-ce facile de trouver des dates, de trouver des lieux ? Se greffer peut-être avec d’autres groupes pour monter des projets ensemble ?

Victor : Là faut absolument remercier Mathis, notre manager qui a notre âge, qui se démène, qui apprend comme nous et qui arrive petit à petit à nous booker des trucs. On y arrive. On commence à rentrer, on fait des salles vraiment cool. On rentre dans des projets sympas. On arrive à trouver des groupes avec lesquels tourner. Des fois ça se passe mal, des fois ça annule… mais c’est compliqué de trouver une scène qui est proche de ce qu’on fait nous, de trouver des groupes qui nous ressemblent et avec qui on a envie de tourner c’est peut-être encore ce qui nous manque. On a des groupes qui nous plaisent mais on se dit ça ne colle pas.

C’est peut être ça le but ? Faire un plateau avec des styles différents. Cela permet de croiser les publics. Tu ne connais pas, tu viens, tu découvres : non ?

Antoine : Ça attire moins les gens j’ai l’impression. Mais surtout, t’as aussi beaucoup de gens qui vont venir à l’un mais pas à l’autre parce qu’il connaît et je trouve que c’est le vrai problème des festivals par exemple qui donnent l’heure de chaque groupe. Moi honnêtement, si je crée un festival je ne donnerai pas d’horaires.

Victor (en plaisantant) : T’es insupportable ! (Rires)

Antoine : Je sais mais ça te force à aller découvrir, à aller vers l’inconnu. Moi c’est ce que je ferai car je trouve ça dommage de rester dans sa zone de confort. C’est beaucoup plus intéressant de sortir de cette zone de confort et d’essayer d’autres choses même si tu ne sais pas quand est-ce que ton groupe passe. Moi je préfère ça, voilà !

On arrive à la fin de cette “petite” interview. UNDER A METAL SUN vous remercie pour le temps que vous y avez consacré. On vous laisse dire le mot de la fin, vous êtes libres.

Yanis : On a le droit de dire ce qu’on veut ? (Rires puis un petit silence de réflexion)

Antoine : Franchement, si les gens sont…

Ben (qui coupe Antoine) : Euh, juste un mot Antoine. (Rires)

Antoine : Amusant. (Rires)… Non, mais voilà si on est assez extérieur au Metal et qu’on a des a priori faut dégager tout ça et juste se familiariser avec ce monde.

Victor : Et supporter la scène locale car y a plein de bombes partout !

Ben : Ouais, carrément !

Antoine : Faut oser aller voir ce qu’on ne connaît pas.

Ben : Surtout en tant qu’artiste qui peut écouter ça, faut oser imaginer, oser créer. Faut oser tout court en fait. Faut y aller !

Victor : Je pense que c’est un super mot de la fin. (Rires)

Angie : Ouais !

Victor : On n’y arrive pas de toute façon à avoir un truc qui nous plait à tous. (Rires)

Antoine : Là, on nous demande de l’impro aussi ! (Rires)

Victor : Non parce que faut faire une réu avant de te laisser parler. (Rires)

Yanis : Faut qu’on trouve la D.A du mot de la fin, hein !

Victor : Tiens, note ça aussi dans la D.A : le mot de la fin.

Yanis : Ouais ! Parce que j’ai pris des notes. (Rires – Il montre une feuille avec des notes écrites au gros marqueur noir)

Ben : Sinon, en tout cas, vraiment tout simplement merci beaucoup.

Spitfire's Tears au Rallumeur d'étoiles à Martigues