Lofofora + Harah – 13/02/2025 – Victoire 2 – Montpellier
Véritable légende du métal-punk français, LOFOFORA est toujours là trente ans après son premier album éponyme. Le groupe n’a rien perdu de sa force ni de sa motivation. Toujours aussi engagé, LOFOFORA a sorti le 4 octobre 2024 son onzième album « Cœur de cible » et sillonne depuis l’hexagone pour sa tournée promo. La bande à Reuno était de passage vers Montpellier le 13 février 2025 et nous ne pouvions manquer ça !
En guest, ce soir, HARAH groupe bien connu du milieu montpelliérain. Ce quatuor n’a pas seulement ouvert pour LOFOFORA le 13 février à la salle Victoire 2 de Montpellier il a littéralement déclenché une déflagration sonore.
Formé en 2014, HARAH voit le jour comme un duo guitare/batterie avant d’être rejoint par Florian Celdran à la basse et Jérôme Pinelli. Ces deux musiciens sont des figures bien connues des amateurs de gros son puisqu’ils jouent également dans le groupe de doom-sludge VERDUN. Jérôme partage également la scène avec Reuno, le charismatique chanteur de LOFOFORA, au sein de MUDWEISER, un projet parallèle aux accents plus stoner. Cette connexion musicale explique sans doute la complicité palpable lors de cette soirée explosive à Victoire 2.
Dès les premières notes, HARAH instaure une ambiance feutrée et sombre, baignée de lumières rouges dominantes qui rappellent presque l’univers oppressant de CELESTE. On pourrait croire à une introduction douce, mais la tempête ne tarde pas à se lever. Le groupe dévoile alors toute sa puissance sonore, naviguant habilement entre sludge, post-hardcore, doom et post-rock. Leurs compositions sont lourdes et immersives. Le jeu de lumières tantôt tamisé tantôt stroboscopique renforce ce côté psychédélique de leur musique enivrante qui remplit la salle. Le nom du groupe, inspiré d’un personnage du roman Dune, prend tout son sens : à l’image de l’épopée de science-fiction, leur sonorité subjugue l’auditoire vers des contrées lointaines, presque irréelles. Telle l’invitation au voyage de Baudelaire : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.«
LOFOFORA, toujours aussi fâché !!!
Après un rapide changement de plateau, les lumières s’adoucissent. En fond de scène, un backdrop éclairé affiche le nom de LOFOFORA pendant qu’une voix enfantine sur bande (celle de la fille du chanteur Reuno) annonce le programme de la soirée, précisant que le groupe ne fait pas de rappel. La scène s’anime avec l’arrivée simultanée de Phil à la basse, Daniel à la guitare et Vincent à la batterie. À peine la bande-son terminée, les trois musiciens attaquent sur « Apocalypse« , extrait de leur dernier album « Cœur de Cible« . Reuno les rejoint sur scène, débordant d’énergie, en bermuda noir, chaussettes hautes et un T-Shirt blanc illustré d’une sérigraphie de l’artiste Jhano. Aussitôt, la chaleur monte d’un cran en quelques minutes dans la salle. L’ambiance devient électrique, les pogos explosent et la fosse se transforme en un véritable champ de bataille. Cette entrée fracassante donne le ton pour le reste du concert.
Sans surprise, la majeure partie du set est dédiée à « Cœur de Cible« , défendu avec une détermination sans faille. Sur les vingt morceaux de la setlist, pas moins de neuf proviennent du dernier opus. Que ce soit « A.D Haine », « Konstat 2024 », « La Machette », « Espoir » ou encore « Maladie Mortelle », à en écouter le public, ce dernier connaît déjà bien les paroles. Mais évidemment, ce sont sur les vieux titres que le public s’enflamme le plus. « Dur comme fer », « Macho Blues », « Le fond et la forme » ou encore « Justice Pour Tous » déchaînent les passions.
Comme à son habitude, Reuno ponctue le concert de discours engagés, teintés d’humanisme. LOFOFORA reste fidèle à ses valeurs, n’hésitant jamais à prendre position, et ce concert en est une preuve éclatante.
Côté scène, la complicité est évidente. Reuno, en désignant ses trois acolytes, invite le public à faire du bruit pour -comme il dit- « ces trois gars-là. Ce sont mes potes ! » Bien que le frontman capte naturellement l’attention par son charisme, le reste du groupe n’est pas en reste : Phil Curty délivre des lignes de basse groovy, Daniel Descieux à la guitare avec des riffs lourds et percutants, tandis que Vincent Hernault martèle ses fûts avec une précision implacable. Tous ont livré une performance énergique, redoutablement efficace.
Côté fosse, le public montpelliérain est survolté. Slams, pogos effrénés, chœurs enflammés sur les classiques : la communion était totale. On remarque d’ailleurs une forte présence féminine aux premiers rangs. La foule se donne à fond dans le pit faisant honneur au groupe.
Après une heure et demie d’un set intense, LOFOFORA conclut en beauté avec « Autopilote » et « Laisse Pas Faire ». Pas de rappel, comme annoncé dès le départ, mais une sortie de scène triomphale, laissant le public sur un nuage de décibels et d’émotions.
Après trois décennies de carrière, LOFOFORA prouve qu’il est toujours aussi percutant, aussi engagé et aussi humain. Ce 13 février à Victoire 2, ils n’ont pas seulement donné un concert : ils ont offert une véritable leçon de vie et de rock’n’roll.
Notons que ce concert était le premier de l’année 2025 organisé par l’association What the fest qui fête cette année ses 10 ans ! Surveillez leurs prochains évènements sur l’année, de belles dates sont déjà annoncées.