SILVER DUST – « Symphony of chaos »
Une histoire de théâtre et de Metal
Ah, la Suisse… Ses alpages verdoyants, ses montres qui battent la mesure du temps, son chocolat au lait qui fait fondre les cœurs et… son Metal ! Après tout, c’est aussi le pays de Celtic Frost, Samael, ou encore Eluveitie. Et parmi cette constellation sonore, un astre brille d’une poussière d’argent : SILVER DUST.
Pour les non-initiés, ce quatuor à l’esthétique steam-punk et à l’imaginaire gothico-victorien a été fondé par Lord Campbell, chanteur-guitariste au charisme vampirique, ex-gardien de but professionnel (véridique). Le groupe débute en 2013 avec Lost in time et met rapidement le feu aux planches, notamment au Montreux Jazz Festival. Pas mal pour un groupe Metal, non ? Depuis, ils ont enchaîné les albums concepts, les tournées européennes aux côtés de LORDI, MOONSPELL ou encore ROTTING CHRIST tout en construisant un style unique, quelque part entre goth rock, Metal théâtral et opéra décadent. En live, c’est un vrai cabaret du chaos et leur nouvel opus n’échappe pas à cette logique : Symphony of chaos est à la fois sombre, cinématographique et diablement accrocheur.
Une symphonie aux douze visages
Dès l’ouverture avec « Fire« , l’ambiance est posée. Faussement électronique, résolument lourde, cette ouverture est un exorcisme rythmique porté par des guitares abyssales et une basse impie. On pense à RAMMSTEIN, bien sûr, mais avec un supplément d’âme gothique. La voix de Lord Campbell, profonde et théâtrale, s’imposant comme le fil conducteur de cet opéra gothico-metal.
Avec « Salve Regina », c’est une procession infernale qui déboule, martiale et incantatoire. Lord Campbell y déploie toute la puissance de sa voix, entre prêche liturgique et incantation solennelle. Son chant est un phare dans le chaos, oscillant entre les graves caverneux et des intonations plus nuancées. À ses côtés, le line-up formé par Kurghan (basse), Neiros (guitare) et le revenant Mr Killjoy à la batterie forme une mécanique bien huilée, pour ne pas dire suisse-ment précise.
Plus loin, « I’m Flying » offre un break plus aérien avant que le morceau-titre, « Symphony of chaos », ne synthétise parfaitement l’ADN du groupe : un mix d’hymnes Metal, de claviers nébuleux, de refrains envoûtants et d’arrangements grandiloquents.
La deuxième partie de l’album délaisse un peu l’intensité pour explorer des territoires plus variés et plus mélodiques. « Devil’s dance » flirte avec le darkwave 90s tandis que « Down », instrumental aux allures processionnelles, impose un silence respectueux.
Par ailleurs, « The masters of fright » a une facette qui sonne à la SYSTEM OF A DOWN. « Goodbye », ballade au spleen touchant, sonne comme une lettre d’adieu écrite à l’encre noire. Lord Campbell y brille par sa sincérité vocale.
Mais SILVER DUST, fidèle à son ADN, ne conclut pas sans panache. C’est avec « Le squelette crâneur », étrange conte en français, que l’album s’achève dans un éclat de rire grinçant, digne d’un numéro de cabaret macabre. Entre cirque de l’absurde et farce victorienne, le groupe rappelle qu’il sait manier autant la tragédie que la comédie.
Verdict : entre freak show et classe symphonique
Avec Symphony of chaos, SILVER DUST signe sans doute son disque le plus abouti, à la fois accessible et exigeant, baroque et brutal. Les fans de gothic metal, de shock rock à la Alice Cooper ou Marilyn Manson, voire de metalcore orchestré, devraient y trouver leur compte. Ceux qui aiment quand la musique flirte avec le théâtre et les atmosphères visuelles à la Tim Burton, aussi.
Alors que les projecteurs s’éteignent sur ce disque, SILVER DUST ne révolutionne pas les codes mais les tord à sa façon. Et franchement, à l’heure où trop d’albums se ressemblent, ça fait du bien de plonger dans un chaos aussi bien orchestré.
