Houle + Silhouette – 22/03/2025 – L’Antirouille – Montpellier
L’Antirouille à Montpellier accueillait, ce samedi 22 mars 2025, la 7eme édition de la Nuit Magnétique organisée par l’association What the Fest. Cette fois-ci, l’événement mettait à l’honneur les femmes dans le Black Metal avec une affiche qui a réuni le groupe local SILHOUETTE et les marins de HOULE. Entre onirisme et fureur maritime, cette soirée a offert un voyage unique au sein d’un univers sombre et captivant.
SILHOUETTE : entre mélancolie et rêve
Les Montpelliérains de SILHOUETTE viennent défendre leur premier album « Les dires de l’âme » sorti en octobre 2024. Drapés de longs manteaux noirs ou de capes, les six musiciens émergent de l’ombre alors que résonnent les notes délicates de « L’éveil ». En silence, ils se placent dos au public, tournés vers le backdrop à l’effigie du groupe, comme en pleine prière ou en dévotion. À l’avant de la scène, un encensoir libère d’épaisses volutes parfumées, évoquant l’atmosphère mystique d’une église. Dès les premiers instants, une aura liturgique s’impose. L’air se charge d’une solennité pesante et mélancolique, mais aussi d’une émotion sincère qui enveloppe peu à peu la salle.
Le concert débute alors avec « La première neige », extrait de leur tout premier E.P « Les retranchements« , qui nous laisse découvrir leur Black Metal onirique et profond. La dualité entre la voix aérienne et éthérée d’Ondine et les hurlements déchirants de Yharnam crée une harmonie envoûtante, où douceur et viscéralité se mêlent avec intensité. Le set est marqué par des passages tantôt furieux, tantôt contemplatifs. Le titre « Litanie contre la peur », joué à mi-parcours, est le plus bel exemple de cet osmose entre douceur et furie.
Pour la partie purement musicale, les guitares d’Achlys et de Vyartha mélangées à la basse de Grise alternent entre riffs glaciaux à des nappes plus atmosphériques pendant que Zhand, à la batterie, frappe avec précision. Face à eux, le public quant à lui est captivé et se laisse porter par cette messe noire envoûtante jusqu’au dernier morceau « Dysthymie« , ultime incantation d’un rituel hypnotique.
HOULE : la tempête marine déferle sur Montpellier
Alors que la scène s’emplit d’une brume mystérieuse et que le clapotis des vagues se fait entendre, HOULE prend possession de l’espace avec en fond sonore l’introduction de leur album “Ciel cendre et misère noire”. Exit le corpse paint habituel du Black Metal. Ici, les membres du groupe adoptent le ciré et la marinière pour mieux illustrer leur thème : la lutte de l’humanité face aux forces implacables de l’océan.
Structuré en 2021, le groupe s’est rapidement fait un nom avec un Black Metal puissant et viscéral, emprunt d’une ambiance unique. Leur passage au Hellfest 2024 a marqué une véritable consécration, attirant une foule compacte sous la tente de la Temple un vendredi matin. Ce soir, dans l’ambiance plus intimiste de l’Antirouille à Montpellier, l’intensité demeure intacte. HOULE livre une performance magistrale, interprétant presque intégralement son premier album, à l’exception du morceau « Derrière l’horizon ». Ce dernier cède sa place au morceau « Le Continent », seul extrait de leur premier E.P éponyme, durant lequel au centre de la scène Adsagsona, au chant, impose sa présence, harpon en main, augmentant la dimension théâtrale de son interprétation. En effet, la frontwoman est dans son rôle et elle le joue à merveille autant dans les gestes qu’avec son faciès. De plus, sur scène, l’atmosphère est soigneusement installée. Nos marins en pleine tempête évoluent dans un décor fidèle à leur univers : l’air iodé semble presque palpable entre les lanternes s’illuminant telles des phares, les filets de pêche et les deux roll-up latéraux ornés d’illustrations maritimes façon gravure.
Quant au set, il s’enchaîne sans le moindre temps mort. Le public, réceptif, répond avec ferveur aux « Hey ! Hey ! » scandés par Adsagsona, comme si elle rythmait la cadence d’une galère invisible où nous ramons, perdus dans l’obscurité de la foule. Obscurité parmi laquelle certains se laissent porter par les vagues mélodieuses tandis que d’autres agitent la mer dans des pogos déchainés. Arrive « Née des Embruns », le dernier titre plutôt long avec ses douze minutes. Ce morceau audacieux, qui malgré sa complexité, happe le public et maintient une tension dramatique jusqu’à la dernière note. Avec presque une heure de live, la soirée s’achève. Les cinq membres du groupe s’alignent au devant de la scène tels des matelots au garde à vous. Le public les acclame et c’est sous une ovation méritée qu’ils quittent la scène, laissant les spectateurs encore imprégnés de cette marée noire musicale.
Cette Nuit Magnétique a réussi son pari : offrir une soirée immersive et intense, explorant un Black Metal à la fois novateur et ancré dans ses racines. Avec HOULE et SILHOUETTE, What The Fest a une nouvelle fois prouvé sa capacité à organiser des événements inoubliables pour les amateurs de musiques extrêmes.
