SETH + MUNDILFARI à La Moba – 01/02/2025
Le samedi 1er février 2025, La Moba de Bagnols-sur-Cèze a été le théâtre d’une soirée placée sous le signe du Metal. Deux groupes étaient à l’affiche : MUNDILFARI, avec son Heavy symphonique, et SETH, véritable pilier du Black Metal français. Retour sur cette nuit d’ombres et de flammes.
MUNDILFARI
La soirée s’ouvre avec MUNDILFARI, formation originaire du Vaucluse qui s’affirme dans le paysage du Heavy symphonique. Porté par la sortie de la seconde partie de son deuxième album « Into The Dark Box« , le groupe, renforcé ce soir par la présence de Karen Hau au chant, offre une prestation intègre et immersive. Dès les premières notes, l’atmosphère devient pesante et onirique, happant immédiatement l’audience. Dans une pénombre soigneusement orchestrée, les musiciens montent sur scène. A l’arrière, jouxtant la grosse caisse de la batterie, une immense grolle posée verticalement diffuse une lumière bleutée, traversée de volutes de fumée. Ju, installé derrière ses fûts, entame l’introduction de « The Last Soul Standing » qui donne aussitôt envie de marquer la cadence. Puis, dans une explosion parfaitement maîtrisée, la double grosse caisse retentit, laissant place à l’entrée synchronisée des autres instruments : guitare, basse et violoncelle. L’ensemble très harmonieux captive immédiatement le public. Karen, dont c’est la première prestation avec MUNDILFARI, succède à Géraldine, leur précédente chanteuse au timbre lyrique. Si le changement est notable, il apporte une nouvelle dimension au groupe : plus rock, plus incisif, sans pour autant dénaturer l’essence musicale de la formation.
Baptême du feu réussi, le public acclame chaleureusement le groupe dès la fin du premier morceau. Sans perdre une seconde, ils enchaînent avec « A Strange Beast« , où l’apparition du Spectre, l’entité sombre et énigmatique du groupe, marque un tournant dans l’ambiance du set. De sa voix hurlée, le frontman transperce l’obscurité ambiante, appuyé par une section rythmique solide et des riffs glaçants. L’alchimie opère et le public, composé de beaucoup de curieux, se laisse peu à peu emporter dans ce voyage. Bien équilibrée entre les morceaux du premier album et ceux du second, la setlist déroule un total de neuf titres. Les nouvelles compositions sont d’ailleurs accueillies chaleureusement. Témoignage d’une évolution musicale maîtrisée, elles marient à la perfection des atmosphères ténébreuses et des envolées instrumentales puissantes. D’autant plus, lorsque Gaëlle impose la présence de son violoncelle.
MUNDILFARI achève son set en douceur sur le festif « A Feast in Hellnar » enchaîné avec l’envoutant « Dreki » mais surtout sous les applaudissements unanimes du public de La Moba.
SETH
Après une courte pause, le public est prêt à recevoir la tornade SETH. La formation bordelaise, active depuis 1995, a toujours su imposer son style sombre et impérieux, et cette soirée n’a pas fait exception. Lorsque les musiciens apparaissent, grimés de corpse paint, une tension s’installe immédiatement. On retrouve Heimoth et Alsvid : guitariste et batteur respectif depuis les débuts. EsX à la basse, Drakhian à la guitare et Pierre le Pape aux claviers constituent la suite de l’actuel line-up instrumental. Saint-Vincent, le chanteur depuis 2016, vêtu d’une longue cape rouge, se place au centre de la scène, irradiant une aura de grand prêtre du mal. Dès les premières notes, c’est un véritable mur de son qui s’abat sur la salle avec « Paris des maléfices ». SETH déploie une intensité féroce, ouvrant son rituel infernal.
Le groupe enchaîne avec « Metal Noir », rappelant pourquoi SETH est une institution du black Metal francophone. La setlist, composée de 9 titres, alterne ensuite principalement entre les morceaux du dernier album « La France des Maudits » et ceux du précédent « La Morsure du Christ ». Chaque morceau est une déflagration sonore. Le jeu de lumière, tirant souvent vers le rouge, et la fumée transforment La Moba en un sanctuaire infernal. Chaque musicien délivre une performance impeccable, tandis que Saint-Vincent domine la scène, en véritable maître de cérémonie. Côté scénographie, une jeune femme fait trois apparitions marquantes sur scène. La première fois sur « La destruction des reliques » où, telle une nymphe vêtue d’une tunique blanche, elle fait tournoyer un encensoir suspendu à une longue chaîne.
Avec « Et que vive le Diable », suivi de « Hymne au vampire – Acte I » enchaîné avec son « Acte III », l’atmosphère bascule définitivement dans l’occultisme. Surgissant de l’ombre, sur le premier de ces trois titres, la jeune femme, portant une robe blanche et le visage dissimulé sous un voile diaphane, refait son apparition sur scène. Chaque musicien la repousse avec mépris, instaurant une tension dramatique. Saint-Vincent s’approche alors, brandissant un parchemin qu’il lui tend solennellement. On comprend qu’il s’agit d’un pacte qu’elle signe alors de son sang (Ndlr : simulation d’une coupure à la main et faux sang naturellement). Elle se dirige ensuite vers une petite table en retrait. Là, elle saisit une dague et l’enfonce violemment dans une forme indistincte. Lorsqu’elle se redresse, c’est un cœur qu’elle tient entre ses mains qu’elle élève triomphalement face au public subjugué, comme une offrande à des forces obscures.
Le concert atteint son apogée avec « Insurrection » et se termine sur « Le triomphe de Lucifer », où le public, galvanisé par un nouveau tableau théâtral, rythme sa satisfaction en dressant dans les airs le signe des cornes. Pour son ultime apparition, notre énigmatique égérie surgit sur scène dans une robe noire. Saint-Vincent la lui arrache, offrant un corps de rêve aux yeux de tous. Métamorphosée en madone démoniaque, elle saisit une croix chrétienne et la manipule avec une provocation étudiée, jouant avec les symboles du sacré et du profane. Puis, elle porte à ses lèvres une coupe remplie de faux sang, qu’elle boit en extase avant d’en répandre sur sa poitrine sous les yeux captivés du public. L’instant bascule dans une intensité incandescente lorsque les flammes s’invitent au spectacle, dans une danse pyrotechnique ensorcelante. Le spectacle, à la fois hypnotisant et dérangeant, envoûte le public médusé jusqu’au bout dans cette messe noire magistrale. La cérémonie s’achève, SETH quitte la scène sous une ovation triomphale, laissant derrière lui un public à la fois exténué et exalté.
La Moba, avec son atmosphère intimiste, a fourni le cadre idéal pour cette soirée dédiée au Metal plutôt sombre. Le son était clair et puissant, permettant aux deux groupes de délivrer des performances à la hauteur des attentes. Le public, composé de passionnés du genre, a contribué à faire de cet événement une réussite incontestable. Cette date à La Moba a confirmé tout le potentiel de MUNDILFARI et rappelé pourquoi SETH reste une référence incontournable du black metal français. Entre ascension et maîtrise, cette soirée a été un moment unique où la passion du public et l’intensité des performances ont créé une expérience inoubliable.