CONCERTS

Distortion Festival, une première édition réussie pour la scène Metal dans le Sud-Est

Le samedi 28 septembre 2024 marquait une date importante pour la scène metal du sud-est de la France avec la première édition du festival Distortion à l’Estérel Arena de Saint-Raphaël, dans le Var. Premier événement de cette ampleur dans la région, le festival a attiré un large public de fans. Six groupes, chacun apportant une nuance différente à l’univers metal, se sont succédés, offrant un plateau varié et intense dans des sonorités progressives, pagan-viking, black et death metal.

Il est 17h, la foule est bien présente devant les portes qui ne devraient plus tarder à ouvrir. Le public est plutôt bien réparti entre les hommes, les femmes, les jeunes et les moins jeunes. Niveau vestimentaire, pas de surprises, le noir fait l’unanimité ainsi que les t-shirts à l’effigie des groupes de Metal ou du Hellfest. Et oui, le Hellfest ! Toujours et encore lui : l’incontournable festival Metal de France. Mais le Distortion est là pour nous rappeler qu’il existe plein d’autres festivals partout en France qui font vivre notre chère musique à leur niveau. Ça y est, les portes s’ouvrent. Première impression, la salle est grande et j’espère que les organisateurs n’ont pas vu trop grand. Une mezzanine en U fait tout le tour à l’étage : sympa, on pourra faire des photos avec de la hauteur. Les stands de merch sont disposés sur le côté gauche tandis que lui font fasse à droite le bar et un stand de tatouage. Les balances se terminent ce qui permet de jauger à la première écoute que l’acoustique est bonne. La salle se remplit petit à petit et il est temps de se mettre en position en attendant le premier groupe.

Septaria : Le détonateur

Première charge de la soirée, SEPTARIA !  Le jeune groupe quatuor venu du pays aixois, a littéralement électrisé l’Estérel Arena. Leur mélange savamment dosé de Metal Progressif, Post-Metal et Death Metal a instantanément conquis la foule. Riffs acérés, batterie surpuissante – tel un bulldozer lancé à pleine vitesse – et déjà les premiers headbangs s’enchaînent et le premier wall of death de la soirée ne tarde pas non plus.

Le groupe enchaîne sept titres, parmi lesquels « Centaure » et « Psyché« , deux morceaux phares accompagnés de clips saisissants qui ont attiré l’attention. A voir absolument !
Depuis leur révélation lors du tremplin Class’Eurock en 2022, SEPTARIA ne cesse de grimper les échelons. Avec une maîtrise instrumentale impressionnante et une présence scénique de plus en plus affirmée, ils alternent subtilement entre des moments de calme hypnotique et des déferlantes de rage. Leur set a plongé la foule dans une véritable transe, prouvant que SEPTARIA ne laisse aucune place à la demi-mesure.

Leur premier album « A* » sort le 15 novembre 2024. Comme d’autre talents issus du Sud de la France, SEPTARIA est définitivement un groupe à suivre de près et peut avoir un bel avenir devant lui.

Eihwar : Pagan Viking

Changement radical d’ambiance et place à EIHWAR qui a pris la scène d’assaut avec ses rythmiques martiales et ses hymnes païens. Ils démarrent en douceur avec leur « Völvas’ chant » dans une ambiance presque mystique.

EIHWAR, nouvelle figure montante de la scène Pagan Viking en France, s’est imposé rapidement dans cet univers. Après avoir distillé plusieurs singles sur Internet, le groupe vient de sortir son premier album « Viking War Trance« . Le groupe est composé d’Asrunn et de Mark. Asrunn porte son costume de femme-louve et opère au chant clair ainsi qu’au tambour chamanique. Mark, sous son costume noir de guerrier viking, est rangé derrière ses machines. Il passe du chant plus guttural aux percussions ainsi qu’à la guitare-lyre tout au long de la soirée.

Loin de se contenter de suivre les codes du Pagan-folk, EIHWAR insuffle une énergie tribale et hypnotique qui donne à leur musique une dimension presque rituelle, créant une véritable « transe de guerre viking », comme le titre de leur album l’indique. Les festivaliers sont plus que conquis. On danse de manière frénétique dans les premiers rangs. Le public est totalement happé par cette énergie tribale.

Les deux artistes terminent leur set avec leur hit « Berserker » qui démarre, à ma grande surprise, en version acoustique. Doucement, le morceau monte en puissance et finit sur sa version album menant la foule au Valhalla. Ovation générale à l’unanimité de toute l’assemblée.

Sylvaine : Une brise mélancolique dans la tempête

Parce qu’on a pas le don d’ubiquité, je n’avais pas pu voir son passage au Hellfest 2024 (Ndlr : Vidéo dispo sur Youtube). Ce soir c’est une chance, le groupe passe dans le Sud et c’est rare. La scène a pris une dimension mystique avec l’arrivée de l’artiste norvégienne. SYLVAINE, avec sa longue chevelure blonde, c’est comme si une créature éthérée avait puisé son inspiration dans les limbes, en tissant un shoegaze dark et hypnotique.

En guise d’introduction, le show démarre avec le titre « Nova« . Le temps d’un instant le tempo ralentit mais pas l’intensité émotionnelle. S’enchainent ensuite, pour ne citer qu’eux, « Earthbound« , le mélodique « Abeyance » puis deux titres « Fortapt » et « I close my eyes so I can see » du dernier album « Nova » sorti en 2022. SYLVAINE a puisé dans ses quatre albums pour livrer une prestation captivante, transformant la scène en une sorte de sanctuaire. Le temps semblait suspendu alors que la musique résonnait dans l’enceinte de l’Arena comme une caresse sombre et magnétique. Selon les morceaux, sa voix alternait entre un scream glacial ou une douceur envoûtante presque spectrale.

Le public, quant à lui, s’est laissé glisser dans cette bulle introspective, savourant chaque note comme une pause bienvenue avant de replonger dans les ténèbres. Le morceau « Eg Er Framand » de son nouvel E.P du même titre, chanté a capela, vient clore le show qui fut un moment de grâce qui a marqué l’audience, happée par cette bulle sonore en plein cœur de la soirée metal.

Darkenhöld : Les seigneurs du black médiéval

Le retour aux ténèbres ne s’est pas fait attendre avec Darkenhöld, qui a immergé le Distortion festival dans un univers de black metal médiéval. Le groupe est originaire de Nice et ancre depuis ses débuts son univers dans les légendes et les châteaux. Sur scène, de part et d’autre, on y retrouve d’ailleurs deux kakémonos  qui se répondent, l’un avec un paysage de falaise et l’autre avec des remparts de château, sur lesquels le logo du groupe est apposé.

Darkenhöld joue un black métal plus traditionnel avec des sonorités parfois heavy. L’ensemble passe très bien. Les riffs rapides et l’atmosphère moyenâgeuse ont transporté le public dans une époque révolue. Ce soir le quintet joue au moins un morceau par album. On a pu ainsi entendre par exemple « Mystique de la vouivre » et « Héraldique » du dernier album, « Wyvern solitude chant » du second album ou encore « Citadel of obsidian slumber » de leur premier opus. Tout est parfaitement interprété durant cette performance sombre, lourde de mysticisme et de maîtrise.

ACOD : Le chaos à la marseillaise

Le chaos véritable s’est déchaîné avec ACOD, venant directement de Marseille avec leur blackened death explosif. Pogo, crowd surfing et circle pits tout y est passé. La fosse était en ébullition et n’attendait que cela. Côté ambiance, les lumières sont faibles, plutôt bleutées et avec celles projetées au plafond cela donne une impression de fonds des mers. Nous sommes dans les abysses.

ACOD a prouvé qu’ils savaient dompter la bête, enchaînant leurs morceaux comme des coups de massue. La setlist est d’ailleurs plus accès sur le précédent album que sur le dernier E.P « Versets noirs » –dont nous avions fait la chronique– pour lequel un seul titre est joué.  D’un point de vue scénique, les marseillais savent tenir leur scène. Déjà à leur habitude, deux gros tridents métalliques sont posés au devant de part et d’autre. Fred, le chanteur, est totalement transporté par l’intensité musicale comme son visage nous le montre au fur et à mesure du show. Le groupe communique avec son public qu’il remercie chaleureusement avant de laisser place et l’incite à venir régulièrement à des concerts pour qu’on continue à avoir des festivals de Metal dans le Sud.

Celeste : Un show suffocant et intense

Pour finir en apothéose, CELESTE a plongé l’Arena dans une ambiance lourde avec son sludge post-hardcore. 
Dès les premières notes, le ton est donné avec le morceau « (A) » qui déferle sur la salle, comme une vague oppressante. Le son est monumental, cette fin de soirée sera intense. Les basses grondent, les guitares rugissent, et l’on se prépare à être submergé par une déferlante sonore. Lorsque cette intro titanesque s’achève, la salle -déjà peu éclairée- baisse encore en lumière. C’est dans cette pénombre que les musiciens activent à leur habitude des lampes frontales rouges, créant un effet visuel immédiatement reconnaissable : c’est leur marque de fabrique !

Et là, tout s’emballe. CELESTE livre un spectacle à la fois sonore et visuel, d’une violence rare. Chaque note, chaque cri, est soutenu par ce jeu de lumière oppressant dû aux éclairs stroboscopiques ainsi qu’aux faisceaux rouges des lampes frontales. On se sent alors étouffer, comme pris au piège d’un cauchemar dont on n’arrive pas à se réveiller.
Tout au long du set, avec des morceaux comme « Nonchalantes de beauté« , « Le cœur noir charbon » ou « Ces belles de rêve aux verres embués » la brutalité reste constante, implacable, et la tension ne décroît jamais. C’est un véritable marathon émotionnel que le groupe impose à son audience. 

Alors que les lumières se rallument, le public est unanime pour dire que c’était plus qu’un simple concert. C’était une véritable expérience à part entière.

Cette première édition du Distortion Festival a marqué les esprits avec une organisation impeccable et une très belle programmation. Chaque groupe, avec son style bien distinct, a su captiver les fans de Metal venus en nombre. Ce qui annonce de belles perspectives pour les futures éditions, qui, on l’espère, continueront de bousculer la scène Metal du sud de la France.

Lieu : L'ESTÉREL ARENA
Ville : Saint-Raphaël (83)

Date : 28/09/2024